Poèmes rédigés par des fusillés de la Citadelle de Liège

 

Léon JEURISSEN

Les Partisans
Sur

 l'air de "Tout passe dans la vie"

Nous sommes les enfants du pays
Les boches nous appellent les bandits
Nous travaillons de grand cœur
Pour chasser les envahisseurs
Nous préférons prendre le maquis
Que de travailler pour l'ennemi
Et malgré que nous vivions traqués
Ils ne sauraient nous décourager
 

Refrain
Ah Belgique chérie
Nous sommes tes partisans
Pour toi mère Patrie
Nous donnons notre sang
Et lorsque nous partons
Nos principales missions
C'est d'abattre les traîtres
Ainsi que les teutons
Nous sommes là aussi pour chasser
Qui dans nos régions les bandits
Travaillent sous notre noms

Un jour par un hasard maudit
Il nous arrive d'être pris
C'est d'une façon bien cruelle
Qu'ils nous mettent à la Citadelle
Quand ils veulent savoir les raisons
Qui nous poussent à toutes ces actions
Car ils sont vraiment tous sans façon
Pour nous donner une bonne correction

Nous avons parmi nos amis
Des prêtres, des agents, des commis
Et aussi de gens de cœur
Des magistrats, des facteurs
Qui pour défendre leurs opinions

Ne craignent pas d'aller en prison
Car ils savent que venu le moment
Ils seront là pour venger les absents

Après les jours de jugement
Les uns s'en iront dans les camps
 

Tandis que d'autres moins fortunés
Sont certains d'être fusillés
À tous ces héros mes amis
De grand cœur nous disons aussi
Car jamais on n'oubliera
De fleurir la tombe de ces soldats

 

Joseph PEETERS

Le Sourire
Sur l'air de "La lettre du gabier" de Théodore BOTREL

Joseph PEETERS est l'auteur de cinq nouveaux couplets de la chanson "Le Sourire" sur l'air de "La lettre du gabrier", air sur lequel était chanté le texte de "La lettre de la Marraine" de Théodore BOTREL avant 1920. Le texte de ce chant "Le Sourire" n'a rien à voir avec le texte de BOTREL. Il a été exécuté et mimé le 19 mars 1942 par les enfants des écoles de Comblain-au-Pont pour la fête de Joseph PEETERS. Cette chanson comptait à l'origine quatre couplets. Joseph PEETERS en a rajouté cinq à la prison de Saint-Gilles à Bruxelles.

 



 

 

Il est un moyen bien certain
De devenir bien vite un saint
Ce moyen sûr, c'est de sourire
Point n'est besoin de grands discours
Si l'on répond à tout toujours
"Par un sourire"

Si l'on n'est pas toujours content
On sauve tout apparemment
Par un très aimable sourire
Voulez-vous aider, entraîner
Faire grandir, faire monter
"Sachez sourire"

Quand tout devient contrariant
C'est juste le meilleur moment
De tout accueillir d'un sourire
Dieu le permet pour notre bien
Tout est pour nous présent divin
"Divin sourire"

Rien ne plaît davantage à Dieu
Que de voir ses enfants heureux
Et, quoi qu'il arrive, sourire
Pour devise, prenons ce mot
Qui nous élèvera bien haut :
"Toujours sourire"

L'Abbé Joseph PEETERS crée cinq nouveaux couplets en captivité

Ici, parfois dans la prison
Entre copains nous nous disons
Où est donc le... sourire ?
Gardons, malgré tous les émois
Dans notre cœur, la belle foi
"Par le sourire"

Pensons toujours à nos amis
Avec lesquels souvent jadis
Nous partagions le... sourire
En attendant l'heureux retour
Joyeux disons sans nul détour
"Il faut sourire"

Si le travail nous reprenons
Au cher Comblain de bon renom
Nous irons avec le sourire
Mieux que jamais à nos enfants
Nous donnerons à tout instant :
"Un bon sourire"

Si le pays en ces moments
Nous dit à tous "Soyez présents"
Son appel exige le sourire
Dans un ultime, suprême effort
Avec Jésus bravons la mort
"Dernier sourire"

Voilà que s'ouvriront les cieux
Endroit béni où règne Dieu
Avec son paternel sourire
Venez-ici, et pour toujours
Gardez heureux, par mon secours
"Mon beau sourire"

 

 

Léon JEURISSEN - Joseph PEETERS